Les carrières et l’eau

Chaque territoire possède des ressources en eau, qu’elles soient souterraines (nappes phréatiques) ou superficielles comme les rivières, lacs, étangs ou plans d’eau. Des échanges et des interactions se produisent entre ces masses d’eau à l’échelle d’un bassin hydrographique. Localisées dans cet environnement, les carrières interagissent naturellement avec ces milieux, pouvant provoquer des impacts qualitatifs et quantitatifs sur la ressource en eau. L’évolution de la réglementation relative à la protection de l’eau a suscité des interrogations scientifiques auxquelles les professionnels des carrières ont apporté des réponses grâce à de nombreuses études entreprises dans ce sens

Un cadre législatif dédié

Les installations en carrières soumises au régime de l’autorisation utilisant des eaux de procédé sont soumises à l’application d’un article de l’arrêté ministériel du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières. Cet article stipule notamment que le rejet des eaux de procédé des installations de traitement des matériaux est interdit à l’extérieur du site autorisé, que ces eaux doivent être intégralement recyclées et que le circuit de recyclage ne doit pas pouvoir donner lieu à des pollutions accidentelles.

Le circuit des eaux de procédé

Les eaux de procédé correspondent à l’ensemble des eaux utilisées dans le procédé de production : d’une part, les eaux entrantes constituées des eaux prélevées et recyclées, et d’autre part, les eaux sortantes constituées des eaux contenant les fines du gisement (limons, argiles, sables fins, …) par suite du lavage des granulats et destinées à être recyclées, et de l’eau contenue dans les produits finis, à savoir l’humidité des granulats sortant du site.

Le circuit des eaux de procédé des installations de traitement et de lavage des granulats est conçu pour permettre leur recyclage. Les eaux issues du lavage des matériaux chargées en fines particules minérales sont recyclées par décantation naturelle ou toute autre méthode appropriée décrite dans l’étude d’impact (clarification, bassin avec curage régulier, …). Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’exploiter des roches massives ou des roches meubles, toutes les eaux sont recyclées dans le périmètre autorisé de la carrière.

Ces eaux de procédé et les méthodes de recyclage ne sont pas assimilées à des rejets dans le milieu récepteur du fait de leur recyclage après décantation des fines.

L’eau prélevée correspond à l’eau pompée par le site pour ses activités de traitement en complément de l’eau recyclée (appoint). Suivant l’origine de la ressource et du contexte hydrogéologique, on distingue l’eau souterraine (extraite depuis un aquifère via un puits, forage, etc., même à l’intérieur du périmètre autorisé) et l’eau de surface issue des rivières, lacs, étangs, ou plans d’eau de la carrière.

Les autres eaux présentes en carrières

Sur une carrière et une installation de traitement de matériaux, il existe d’autres flux d’eau n’entrant pas dans le procédé de production ; il s’agit de l’eau pour l’entretien du site (lavage des matériels fixes et mobiles, abattage des poussières), l’eau domestique à l’usage du personnel (sanitaires, bureaux, laboratoire, …) et l’eau de provenance naturelle (eaux pluviales et eaux d’exhaure). Ces eaux sont comptabilisées et suivies en accord avec l’arrêté ministériel du 22 septembre 1994 et les rejets de ces eaux sont soumis à des contrôles qualitatifs, dont les valeurs seuils sont imposées par ce même arrêt et réglementés par l’arrêté préfectoral.

Les eaux pluviales sont collectées sur des zones imperméables, éventuellement stockées dans des bassins tampons tandis que les eaux d’exhaure sont éventuellement pompées dans le site et rejetées dans le milieu extérieur pour permettre l’assèchement et/ou l’exploitation du gisement.

Gérer l’eau face à une situation de sécheresse

En avril 2023, le gouvernement français publiait son Plan Eau, un plan d’actions en 53 mesures concrètes, tendant vers une gestion plus résiliente et concertée de la ressource en eau. Cette mobilisation des services de l’Etat est le marqueur d’une prise de conscience générale de l’importance de cette ressource et des enjeux liés à sa préservation.

L’UNPG a aussitôt mené plusieurs actions aux niveau régional et national pour soutenir ses adhérents dans la mise en œuvre d’un plan eau au niveau des entreprises : rédaction d’une note d’information et d’un guide de bonnes pratiques, organisation d’un webinaire en collaboration avec l’UNICEM, le SNBPE et le Ministère de la Transition écologique pour informer et partager des stratégies et outils de gestion économe de l’eau, déjà mis en œuvre chez certains professionnels.

Ce qu’il faut retenir sur la gestion des eaux

  • A chaque site sa gestion des eaux

Les carrières recyclent intégralement leurs eaux de procédé. Il n’y a pas un type de recyclage, mais autant de configurations que de carrières.

  • L’eau sous surveillance

Les eaux rejetées à l’extérieur du périmètre autorisé font l’objet d’une surveillance stricte. Aucune eau de procédé n’est rejetée.

  • L’eau comptabilisée n’est pas toujours l’eau consommée

La comptabilisation de l’eau recyclée et de l’eau prélevée n’est pas toujours réalisable car les flux peuvent être regroupés ou bien se croiser.

  • Une opportunité pour la biodiversité

Les zones de décantation naturelles ont montré leur valeur écologique dans des carrières actives et réaménagées : zones de haut fond, roselières, …

 

L’UNPG a publié un catalogue des études et publications environnementales dans lequel figurent de nombreuses études portant sur la gestion de l’eau en carrières dans des territoires spécifiques.