les carrières et la poussière
L’industrie extractive, productrice de poussières du fait de son activité, met en place différentes actions pour en limiter les effets sur les collaborateurs comme sur l’environnement. La protection contre les poussières et l’amélioration de la qualité de l’air sont en effet deux enjeux majeurs pour les membres de l’UNPG ; un guide méthodologique accompagne les entreprises dans une démarche de progrès et des études démontrent les efforts de la profession pour assainir l’air.
La poussière en carrière
En carrières, la grande masse des poussières est d’origine minérale avec des densités élevées (> 2) et un fuseau granulométrique très large. Première conséquence ? Une sédimentation rapide (retombées atmosphériques) de ces poussières dès qu’on s’éloigne des sources d’émissions. L’emploi d’engins à moteur, généralement diesel, fait que l’on peut également rencontrer des particules très fines caractéristiques d’une combustion non optimisée, même avec des filtres et pots d’échappement modernes. La première catégorie, du fait des densités, ne reste en suspension dans l’air qu’au voisinage des sources en se déposant très vite en périphérie sous forme de poussières sédimentables (ou retombées atmosphériques), alors que la seconde flottera dans l’air en se déplaçant avec les masses d’air.

repères règlementaires
Dans le cadre du risque professionnel, le Code du travail distingue au sein des poussières en suspension la poussière totale, la poussière alvéolaire (susceptible d’atteindre les alvéoles pulmonaires) et le diamètre aérodynamique d’une poussière (diamètre d’une sphère de densité égale à l’unité ayant la même vitesse de chute dans les mêmes conditions de température et d’humidité relative).
Dans le cadre de la protection de l’environnement, le Code de l’environnement distingue au sein des poussières en suspension les particules de poussières d’un diamètre moyen de 10 µm (PM10) et celles de 2,5 µm (PM2.5).
Par ailleurs, des dispositions réglementaires sont applicables aux poussières alvéolaires de silice cristalline et portent sur ses trois formes : quartz, tridymite et cristobalite.
Afin de renforcer la protection des travailleurs exposés à des agents chimiques cancérogènes sur leur lieu de travail, la directive (UE) 2017/2398 du 12 décembre 2017 a introduit, dans la liste des procédés cancérogènes, les travaux exposant aux poussières alvéolaires de silice cristalline issues de procédés de travail. Elle a fixé une limite d’exposition professionnelle pour les poussières alvéolaires de silice cristalline présentes dans l’air à 0,1 mg/m³.
En France, depuis le 1er janvier 2021 et à la suite de la publication de l’arrêté du 26 octobre 2020 fixant la liste des substances, mélanges et procédés cancérogènes, les travaux exposant aux poussières alvéolaires de silice cristalline issues de procédés de travail sont inscrits dans la liste française des procédés cancérogènes.
La production de granulats naturels ou recyclés dans les carrières et sur les plateformes de recyclage est concernée par cette disposition.

Prévention du risque poussière
Les producteurs de la filière minérale ont été précurseurs en s’engageant volontairement pour prévenir le risque d’exposition à la silice cristalline respirable sur les lieux de travail (signature de l’accord NEPSI) : on parle alors d’empoussiérage dû à la poussière dans l’air qui présente des risques sur les voies respiratoires des collaborateurs.
Rappelons que des mesures de prévention particulières applicables aux travailleurs exposés aux poussières alvéolaires de silice cristalline (articles R. 4412-59 à R. 4412-93 du Code du travail) et que des mesures complémentaires applicables à l’exposition des travailleurs dans les carrières ont été définies (décret n°2013-797 du 30 août 2013 et arrêté du 4 novembre 2013).
Pour accompagner les entreprises extractives, un guide méthodologique pour les industries extractives rédigé conjointement par le MIF, le SFIC et l’UNPG a été publié en mars 2017. Ce guide propose des bonnes pratiques pour prévenir les risques liés aux émissions de poussières en carrières.

Maîtriser les émissions de poussière
En carrière, la qualité de l’air est étroitement surveillée.
Afin de programmer les actions les plus adaptées à la protection de ses collaborateurs et de l’environnement, la filière a demandé au CNRS / CEREGE de mener dès 2012 une étude expérimentale sur l’impact des poussières au sein d’une carrière et de son périmètre avoisinant.
Les résultats sont éloquents :
- L’air d’une carrière et de ses environs est plus sain que l’air en milieu urbain ;
- L’activité extractive génère des particules dites lourdes dans des quantités cinq fois inférieures à un épisode venteux issu du Sahara ;
- La principale émission de poussière revient à la manutention et au transport.
Cette étude démontre que les efforts de la profession pour confiner les installations de concassage, ainsi que les mesures visant à limiter les poussières lors du transport (bâchage des camions, nettoyage des essieux, …) portent leurs fruits.
Afin de conforter ces résultats positifs, une campagne de mesures a été lancée avec le programme d’études EMCAIR (Emissions des Carrières dans l’AIR), qui avait pour objectif principal de connaitre la nature et la taille des poussières émises par les procédés d’exploitation des carrières ainsi que leur dispersion dans l’environnement.
Les résultats ont montré que :
- Les dépôts de poussières sont plus élevés au sein de la carrière que dans son environnement proche ;
- Les carrières produisent majoritairement des poussières qui retombent très vite ;
- Les particules qui restent en suspension sont majoritairement des PM10 et peu de PM2.5 ;
- Une carrière fonctionne donc comme un puits, c’est-à-dire que les particules qu’elle produit retombent en son sein.

Bonnes pratiques
La prévention des émissions de poussière passe par diverses dispositions techniques, organisationnelles et comportementales.
Ci-après quelques exemples :
- Le confinement des installations : capotage, bâchage, couverture, étanchéité des jonctions, … ;
- Le dépoussiérage par aspiration centralisée fixe ou ponctuelle ou dépoussiéreur électrostatique ;
- L’abattage des poussières : arrosage, atomisation ou nébulisation ;
- La maintenance et l’entretien des installations ;
- L’automatisme et le contrôle vidéo : isoler le personnel des sources d’émission de poussières, limiter le temps d’exposition aux poussières aux seules interventions sur incident et visites de contrôle ;
- Les cabines d’engins : vérifier et entretenir régulièrement les dispositifs de filtration d’air, respecter les conditions de nettoyage (portes et fenêtres fermées, soufflette interdite, …) ;
- Les cabines fixes (postes de commande) et locaux annexes (laboratoires) : isoler les opérateurs de l’empoussièrement résiduel de l’exploitation dans des locaux alimentés en air filtré et maintenus en légère surpression ;
- Les pistes et leur entretien : arrosage fixe, mobile ou embarqué.